Le méroïtique était la langue du royaume de Koush, dans l’actuel Soudan, attestée dans plus de 2 000 textes. Son écriture a été déchiffrée en 1911, mais la langue elle-même, disparue sans descendance, n’est encore qu’en partie traduite.
Parmi les inscriptions les plus difficiles à comprendre figurent une vingtaine de textes royaux, retrouvés dans les temples. Le plus ancien est la grande stèle du roi Taneyidamani, vers 150 av. n. è. Le plus récent, celui du roi blemmye Kharamadoye, est postérieure à la chute du royaume de Méroé, vers 410/420 de n. è.
La partie la mieux comprise de ces inscriptions est la titulature royale initiale. De récentes avancées ont permis de traduire une partie des textes variables qui suivent ces titulatures. On trouve par exemple des récits de campagnes militaires, avec décompte des ennemis morts ou capturés et du butin que l’on en a tiré. Ce patient travail de déchiffrement est important pour la compréhension de certains aspects de cette ancienne culture africaine.
Claude Rilly a d’abord étudié puis enseigné dans le secondaire le grec ancien et le latin, avant de se tourner vers le méroïtique, la langue antique du Soudan, écrite avec un syllabaire spécifique entre le iiie siècle av. n. è. et le ve de n. è., et dont le déchiffrement est inachevé. Il intègre en 2004 le CNRS, où il est actuellement directeur de recherche au LLACAN (UMR 8135). En 2019, il inaugure à l’École Pratique des Hautes Études à Paris, une direction d’études intitulée « Langue et civilisation méroïtiques », la première chaire au monde entièrement consacrée à l’enseignement et à la recherche sur la langue de Méroé. De 2009 à 2014, il a dirigé la SFDAS, l’institut archéologique français à Khartoum. Depuis 2008, il est directeur de la mission archéologique française de Sedeinga, en Nubie soudanaise. Il est l’auteur de trois monographies sur la langue méroïtique et d’une Histoire du Soudan (2021).