Hannah Arendt une intellectuelle exilée en desexil au 20e siècle

Hannah Arendt une intellectuelle exilée en desexil au 20e siècle

Dernière conférence organisée dans le cadre du cycle "Parcours d'intellectuels en exil : un humanisme sans frontières"

Par Fondation Maison des Sciences de l'Homme

Date et heure

mar. 18 juin 2024 18:00 - 20:00 CEST

Lieu

Le Comptoir

54 Boulevard Raspail 75006 Paris France

À propos de cet évènement

  • 2 heures

Dans le cadre du cycle « Parcours d’intellectuels en exil : un humanisme sans frontières », la Fondation Calouste Gulbenkian et la Fondation Maison des Sciences de l'Homme vous convient à la dernière conférence sur Hannah Arendt, une intellectuelle exilée en desexil au 20e siècle.

Hannah Arendt, philosophe et théoricienne politique du XXe siècle, a fait partie de l’exil forcé massif, de la résistance politique, philosophique antitotalitaire et révolutionnaire. Elle représente en cela une intellectuelle exilée en desexil1. Que peut-elle nous apprendre aujourd’hui à ce sujet ?

Parler d’Arendt est nécessaire mais loin d’être simple dans le contexte de guerre, de violence, de polarisation, de haine, de morts et de disparu.e.s aux frontières, de désobéissance civique (asile et climat) et d’occupation d’Universités publiques2 pour défendre la liberté académique et les droits d’un peuple sans État aujourd’hui.

Peut être posée la thèse que nulle pensée, nulle œuvre n’est « appropriable », et que toute (re) lecture implique la mise en cause de la neutralité scientifique, soit un travail d’analyse du contexte des discours, des résistances à savoir, de l’engagement, des difficultés à imaginer, « comprendre » construire des positions, actions, savoirs de l’incertitude en philosophie et en politique.

En 1980-1990 Marie-Claire Caloz-Tschopp a travaillé sur son œuvre à partir des questions de réfugiés, de migration, d’asile, de droit d’asile, sur la fuite et la chasse aux migrant.e.s, sur la violence « extrême » aux frontières de Schengen et dans les camps, les prisons, et sur le spectre des disparue.s3, tout en constituant des collectifs de recherche. Elle a été amenée à accorder une importance majeure à penser ensemble le « droit d’avoir des droits » et les « humains superflus »4, pour construire une nouvelle citoyenneté.

La distance historique manque, mais l’urgence est là. Arendt suscite des débats multiples alors que d’autres textes sont édités5. Le défi d’un nouvel approfondissement se présente, en évitant des pièges, pour saisir ce que Arendt dit de la politique et de la philosophie, depuis sa situation d’intellectuelle apatride, d’exil forcé, pouvant aider à affronter les situations complexes d’aujourd’hui.

Une nouvelle traversée de l’œuvre en 2023, amène Marie-Claire Caloz-Tschopp à décanter une intuition politique fondamentale dans l’œuvre d’Arendt : la révolution est la démocratie, mais quelle démocratie et quelle révolution pour elle ? Que faut-il penser de sa défense de la liberté de mouvement en lien direct avec l’exil ?

Face aux mouvements sociaux (gilets jaunes, « question sociale », femmes, climat, asile, droit d’asile, guerres, droits fondamentaux, déserteurs, fuite d’exilé.e.s, délit de solidarité, etc.), les atteintes à la liberté d’expression, les limites de la planète, l’internationalisation de la guerre appellent à des déplacements dans la lecture.

Dans un contexte ou histoire et actualité de la destruction se télescopent, travailler sur des résistances à prendre en compte entre ce qu’elle perçoit et montre, ouvre des pistes pour intégrer l’exil et la politique et la liberté politique de mouvement6 qu’Arendt préconise. Qu’est-ce que cela implique pour le desexil de l’exil, l’action politique et la création de nouveaux savoirs ?

1 Thème dégagé dans une recherche du Collège International de Philosophie (2010-2019).
2 En Suisse le fait prend de l’ampleur. Voir la lettre des 400 enseignants de l’Université de Lausanne par ex..
3 Caloz-Tschopp Marie-Claire, Le spectre des disparu.e.s. Nihilisme politique aux frontières, Paris, L’Harmattan, 2023.
4 Caloz-Tschopp Marie-Claire, Les sans-État dans la philosophie d’Hannah Arendt. Les humains superflus, le droit d’avoir des droits et la citoyenneté, Lausanne, éd. Payot, 2000.
5 Arendt Hannah, La révolution qui vient, Paris, Payot, 2018.
6 Caloz-Tschopp Marie-Claire, La liberté politique de se mouvoir. Desexil et création : philosophie du droit de fuite, Paris, Kimé, 2018.


Les intervenant.e.s

  • Marie-Claire Caloz-Tschopp, ex-professeure de philosophie et théorie politique (universités de Lausanne, Genève), ex-directrice de programme au Collège international de philosophie, travaille sur les politiques migratoires, le droit d’asile, l’hospitalité cosmopolitique, Cornelius Castoriadis, Hannah Arendt, Rosa Luxemburg, les féministes matérialistes, les mouvements sociaux. Autrice d’une thèse publiée en 2000 sur Hannah Arendt, Les sans-État dans la philosophie de Hannah Arendt, les humains superflus, le droit d’avoir des droits, et la citoyenneté, elle a aussi publié Frontex, Le spectre des disparu.e.s. Nihilisme politique aux frontières (L’Harmattan, 2023). Elle a organisé plusieurs colloques internationaux sur l’œuvre d’Arendt.
  • Discutante : Valeria Wagner (Université de Genève)
  • Modération : Álvaro de Vasconcelos


"Parcours d'intellectuels en exil : un humanisme sans frontières" : Un cycle de 5 conférences

L’exil n’a jamais épargné les intellectuels. Il a même été, au XXe siècle et jusqu’à nos jours, une des conditions habituelles de la vie de l’esprit. Mais s’il force la pensée et la création à s’interrompre, il les amène parfois aussi à s’épanouir ailleurs, voire même à se nourrir de cette situation faite de pertes et de contraintes.

Le cycle de conférences "Parcours d’intellectuels en exil : un humanisme sans frontières" cherche à rendre visible la complexité de ces trajectoires intellectuelles et leur importance tant pour le renouveau de la pensée que pour celui de la démocratie.

Chaque conférence est organisée autour d’un ou plusieurs intellectuels exilés, le plus souvent accueilli à la FMSH ou à l’EHESS. Avec les spécialistes invités à les présenter, ces intellectuels représentent les horizons les plus variés, qu’il s’agisse de leur pays d’origine, de leur discipline de prédilection, de la période et des conditions de leur exil.


Les organisateurs

Depuis sa création, la Maison des sciences de l’homme a œuvré à promouvoir un dialogue constant entre les intellectuels de tous les pays, y compris ceux dont la voix risquait, chez eux, d’être étouffée par les contraintes politiques. Aujourd’hui, la FMSH perpétue cet engagement en faveur des libertés académiques à travers ses programmes de soutien.

Pour les Portugais, la France et Paris furent une terre d’asile pendant les années de la dictature. Ces conférences seront aussi l’occasion pour reconnaître l’importance qu’a eu cette hospitalité dans la reconquête de la démocratie.

Jamais, depuis la seconde guerre mondiale, l’affirmation d’un humanisme sans frontières n’a été aussi urgent. La FMSH et la Fondation Calouste Gulbenkian s’engagent dans ce projet où les expériences d’accueil du passé font écho à l’importance de l’hospitalité aujourd’hui.


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Organisé par

La Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH) soutient une recherche innovante en sciences humaines et sociales, et diffuse les connaissances auprès du plus grand nombre.

Gratuit