Clément Cogitore : Réinventer le rythme et les fluctuations du visible

Dans le cadre du cycle de conférence « Dans l’œil des artistes », Martin Bethenod, auteur, commissaire d’expositions, éditeur, invite l’artiste Clément Cogitore à aborder son travail et son mode de créativité. Ils seront accompagnés de Frédéric Gros, philosophe, professeur des Universités à Sciences Po et chercheur au CEVIPOF, qui apportera un éclairage philosophique à cet échange.

Clément Cogitore, qui vit et travaille entre Paris et Berlin, développe une pratique à la croisée de l'art contemporain et du cinéma. Mêlant films, vidéos, installations et photographies, son travail questionne les modalités de cohabitation des hommes avec leurs images. Il y est souvent question de rituels, de mémoire collective, de figuration du sacré ainsi que d’une certaine idée de la perméabilité des mondes.

« Entre documentaire et fiction, Clément Cogitore, n’inscrit pas ses films dans un régime de représentation spécifique : employant un style délibérément instable, il traverse tous les registres de la visualité sans se configurer en aucun, mettant en question la fonction strictement réfléchissante et immédiate de l’enregistrement et de la projection et, à travers celle-ci, la fonction de témoignage des images ; s’il fallait donner un nom à sa pratique, peut-être celui de l’essai serait-il le plus juste, avec ce qui s’y engage de risque, d’expérimentation mais aussi d’élucidation critique, c’est-à-dire une manière de réinventer, chaque fois, sans masquer son historicité́, le rythme et les fluctuations du visible. »

Philippe Alain Michaud, historien de l’art

Biographie de Clément Cogitore

Né en 1983, il a suivi des études à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et au Fresnoy – Studio national des arts contemporains.

Son travail est exposé et projeté au sein d’institutions françaises et internationales, notamment le Palais de Tokyo, le Centre Georges Pompidou (Paris), ICA (Londres), le MoMA (New-York), le Rockbund Museum (Pékin), le Hirschhorn Museum and Sculpture Garden (Washington) ou le MUDAM (Luxembourg), comme aux biennales : celle de Lyon, de Berlin ou la Triennale de Yokohama au Japon.

Ses films ont été sélectionnés et récompensés dans de nombreux festivals internationaux (Cannes, Locarno, Telluride, Los Angeles, San Sebastian).

En 2015 son premier long-métrage, Ni le Ciel, Ni la Terre, a été récompensé par le Prix de la Fondation Gan, au Festival de Cannes – Semaine de la critique, salué par la critique et nominé pour le César du meilleur premier film. 

La même année il reçoit le Prix BAL pour la jeune création. 

En 2016, il reçoit le Prix Sciences Po pour l’art contemporain et le 18e Prix de la Fondation d’Entreprise Ricard pour l’art contemporain.

En 2018, Clément Cogitore est lauréat du Prix Marcel Duchamp pour son installation vidéo The Evil Eye, réalisée à partir d’images publicitaires. La même année, il devient professeur à l’École des Beaux-Arts de Paris, où il dirige un atelier.

Pour célébrer son 350e anniversaire, l’Opéra National de Paris a confié à Clément Cogitore la mise en scène de l’opéra-ballet Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau, qui a été sélectionné par le New York Times dans sa liste des dix meilleurs opéras de l’année 2019 et obtenu de nombreuses récompenses.

En 2022, son deuxième long-métrage, Goutte d’Or, est sélectionné en Séance spéciale à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes. Le film est récompensé par le Prix du scénario - Hildegarde, le Prix de la meilleure réalisation au LEFFEST à Lisbonne et le prix d’interprétation au Hainan film festival pour son acteur Karim Leklou. En 2023, il est pré-sélectionné pour représenter la France aux Oscars. 

Actuellement, il est possible de voir The Evil Eye à Venise, dans le cadre du programme Hors-les-murs de la Fondation Louis Vuitton, lorsqu’une reprise du projet Ferdinandea, l’île éphémère, est prévue au Mucem en décembre 2025.

Crédit photo : © Kenza Wadimoff, portrait de Clément Cogitore