La couleur est l’élément fondamental de la peinture de Sabine Fillit. Elle se multiplie et se transforme au gré de gestes répétés : masquer, recouvrir, racler, décaler, poncer, essuyer, gratter. Le support, papier ou enduit, enregistre les traces résiduelles de ces passages. La transparence des couches métamorphose la couleur initiale. L’accumulation des séquences rythme la composition.
Elle aime à constater la modification radicale d’une surface sous l’action de la couleur et l’impact sensoriel immédiat qui s’en dégage. La fabrication et la manipulation des matières lui sont essentielles : préparer les supports, fabriquer une peinture, croiser les techniques, emprunter les outils à d’autres savoirs-faire.
Sabine Fillit élabore un mode d’intervention pictural à partir des accidents du réel, produisant un assemblage de formes et de couleurs fortuites. Ce « réel » provient essentiellement de l’environnement urbain : la succession des teintes des façades, celles des marquages au sol, la combinaison des peintures d’une file de glissières en béton, les traces des passages, de l’usure... Toutes ces propositions d’assemblages, de couleurs et de matières ne sont pas préméditées. Leur organisation est aléatoire ou bien relève d’un code propre à leur domaine.
Sabine Fillit
Elle oblige l’artiste à remettre en jeu la notion de dissonance, de ce qui est beau ou ce qui ne l’est pas, ce qui fonctionne ensemble ou pas : changer de regard et reconsidérer les règles. Elle analyse leurs constructions et leurs propositions plastiques et en extrait des façons de peindre, d’engager la couleur. Elle travaille par séries, explorant des protocoles ou mettant en place des contraintes qui provoquent ces confrontations fortuites.
La couleur est l’élément fondamental de sa peinture, ou plus exactement, ce qu’il en advient lors de ces imprévisibles rencontres générées par des évènements organisés :
une esthétique de l’inattendu.