À l’heure où les équilibres écologiques sont bouleversés, cette session met en lumière le rôle essentiel des peuples autochtones en tant que gardiens des forêts, des savoirs écologiques et des équilibres durables entre tous les vivants, visibles et invisibles. Leur lutte pour la mémoire et la justice se double d’un combat pour la préservation du vivant.
Corinne Toka-Devilliers, fondatrice de l’association Moliko Alet+Po et descendante directe de femmes Kali’na exhibées à Paris à la fin du XIXe siècle, mène un travail de mémoire politique et sensible, visant à restaurer la dignité de ses aïeules et à défendre les droits des peuples autochtones. Le photographe Jonas Missaye, lui aussi originaire de Guyane, donne visage et présence à cette histoire à travers un travail photographique réalisé en avec une chambre photographique, au cœur de la forêt amazonienne. Ensemble, ils incarnent une forme d’artivisme, un art profondément ancré dans les luttes écologiques, mémorielles et sociales.
David Redon est historien de formation et acteur des politiques culturelles, artistiques, mémorielles et patrimoniales en Guyane (2011 à 2018). Après des études en histoire moderne sur l'esclavage et l'évangélisation aux Antilles françaises, il entame un doctorat en histoire environnementale et postcoloniale sur le centre spatial guyanais et la ville nouvelle de Kourou. De 2013 à 2018, il a été conseiller des musées et des arts visuels au Ministère de la Culture en Guyane, puis conseiller à l’action culturelle et territoriale en Nouvelle-Aquitaine.
Leurs interventions rappellent avec force que tout est lié : la destruction des écosystèmes, l’effacement des mémoires coloniales, l’oubli des peuples autochtones et la fragilité du monde contemporain. Ce moment de partage se veut un appel à l’écoute, à la reconnaissance et à la réparation.
Un interlude culturel, conçu par Egídia Souto, ponctuera la séance : chants autochtones, photographies de Jonas Missaye, et voix portées depuis la forêt feront résonner la mémoire vive des 47 Kali’na et Arawaks exhibés en 1882 et 1892. Des lectures de textes d’Ailton Krenak viendront rappeler que la Terre est un sujet, et que la pensée des peuples indigènes peut nourrir une autre manière d’habiter le monde.
Modération : Álvaro Vasconcelos
Débat dans le cadre du cycle « Passeurs de Mondes, Bâtisseurs de l’Universel » à l’initiative d’Álvaro Vasconcelos en collaboration avec Kitty Furtado (Universidade do Minho), Egídia Souto (CREPAL/ l’Université Sorbonne Nouvelle) et Christophe Araújo (Université Paris Nanterre).