La contagion du rire : quelques notes sur Dostoïevski, avec René Girard

La contagion du rire : quelques notes sur Dostoïevski, avec René Girard

By ARM

La question du rire, dérision ou gaité, dans les "Carnets du sous-sol", "L'Idiot" et les "Frères Karamazov".

Date and time

Location

Online

Good to know

Highlights

  • 2 hours
  • Online

About this event

Arts • Literary Arts

Conférence de Madeleine Brossier


René Girard, dès son tout premier essai inédit de 1955, "Naïveté du rire" (Grasset, 2025), notait que le rire est contagieux. Mais de quelle contagion s’agit-il, et de quel rire ? Les personnages de Dostoïevski sont ici d’un grand secours, parce qu’ils nous incitent à distinguer le rire de la dérision de celui de la gaieté, à mesurer leurs implications respectives dans une société risquant la dissolution. Le rire de dérision induit un surplomb, mais le rieur se voit menacé de l’arrivée d’un autre rieur, qui se moquerait de lui à son tour. Qu’est-ce que le nihilisme sinon l’expérience de ce rire poussé à l’extrême, jusqu’au point où tout devient risible, jusqu’au dernier surplomb où le contrôle que le sujet transcendantal voulait exercer par la pensée sur le monde et sur lui-même se brise, comme autant d’éclats de rire ? La situation du nihiliste est tragique. En effet, la dérision le sépare non seulement d’autrui, mais de lui-même, si bien que son identité se disloque dans le rire. L'autre, qu'il avait expulsé par le rire, lui devient nécessaire pour retrouver un surplomb, de sorte que que le nihiliste prêche et appelle de ses vœux une contagion du ricanement, tout en méprisant quiconque ricanerait avec lui. Mais cette contagion ratée ne trahit-elle pas surtout le vœu de briser l’orbe du solipsisme, l’aspiration nostalgique à communier dans le rire de la gaieté ? Ce rire là seul, expansion du sourire, comme le dit René Girard dans son essai de 1955, rend possible une contagion du rire qui tire la conscience souterraine de sa solitude.

Il sera principalement question des Carnets du sous-sol, de L'Idiot et des Frères Karamazov.



Normalienne (ENS de Lyon), agrégée de Lettres Classiques, Madeleine Brossier a soutenu en 2024 une thèse en langue et littérature françaises intitulée "Philippe Jaccottet, la poésie et le doute". Elle aime à entremêler les approches littéraires et philosophiques. Sa recherche porte notamment sur le nihilisme et sur l'expérience poétique comme donation.

Organized by

ARM

Followers

--

Events

--

Hosting

--

Free
Nov 5 · 10:00 AM PST