Déjà avant de naître, le foetus est à l’écoute de son monde sonore. Cette écoute prénatale fournit au nourrisson les bases d’une connaissance rudimentaire des sons du langage et en particulier de ceux de la langue de sa mère dont la voix est particulièrement saillante à l’intérieur de l’utérus. Le son est pour le tout-petit dès la naissance un aspect de la vie sociale, porteur de sens et régulateur des interactions sociales. Son appétence sociale le pousse à émettre des sons communicatifs peu perceptibles dans les premières semaines mais, à partir de 6 semaines, de plus en plus audibles et résonants. Ces vocalisations sont identifiées par les adultes comme des actes de communication volontaires et suscitent des réponses sociales adaptées aux émotions qu’ils expriment. À partir de là s’instaurent de remarquables dialogues rythmés et harmonisés entre adultes et bébés à l’écoute les uns des autres. Ces dialogues mi-linguistiques, mi-musicaux, interrogent quant à la nature même du son préverbal et aux liens fondamentaux entre langage et musique.
Maya Gratier est professeure de psychologie du développement à l’Université Paris Nanterre, directrice adjointe du laboratoire Ethologie, Cognition, Développement, responsable du babylab Nanterre et co-directrice d’un Master de psychologie de la petite enfance.
