Par Marie Garrau, ancienne élève de l’ENS Lyon, agrégée de philosophie et maîtresse de conférences en philosophie sociale et politique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Les éthiques du « care », que l’on peut traduire par éthiques du soin ou éthiques du souci des autres, sont apparues aux États-Unis au début des années 80 et en France au début des années 2000. Souvent associées à une éthique féminine qui prônerait une sorte de bienveillance généralisée, elles ont été privées par leurs détracteurs de toute portée politique et transformatrice. En revenant sur certaines des autrices qui ont contribué à les développer, il s’agira au contraire ici de mettre en avant la radicalité des éthiques du care, qui offrent des outils pour repenser de fond en comble les valeurs mais aussi l’organisation matérielle et politique de nos sociétés. À l’heure où celles-ci traversent une crise à la fois sociale et écologique, le soin des autres et du monde commun pourrait bien apparaître comme une perspective révolutionnaire.