Conférence : Améliorer nos vies avec les technologies réflexives ? Traces n...
Date et heure
Description
On définit les technologies réflexives comme des technologies visant à stimuler une activité réflexive, c’est-à-dire une activité qui prend l’activité elle-même comme objet. Les pratiques réflexives font partie des “pratiques de soi” qui visent à prendre conscience de ce dont on n’est pas conscient ordinairement, en vue d’une meilleure connaissance de soi (observation, compréhension) et/ou d’une transformation de soi, de ses pratiques (changement, amélioration).
Beaucoup de technologies sont naturellement réflexives : consulter son agenda permet par exemple de prendre conscience de ses routines, du temps passé à mener telle ou telle tâche. D’autres sont spécifiquement conçues dans cet objectif : un coureur à pied utilisera des capteurs permettant d’analyser l’évolution de ses performances ; tandis qu’un diabétique prendra conscience de ses bonnes et mauvaises pratiques en mettant en regard son taux de glucose et son activité.
La multiplication de capteurs à bas prix permet la collecte permanente de traces, qui sont mises en réseau, agrégées, analysées et finalement présentées aux utilisateurs. Si le soi quantifié (quantified self) a commencé avec des précurseurs qui mesuraient systématiquement ce qu’ils mangeaient ou enregistraient la totalité de leur activité numérique, on trouve désormais de plus en plus d’applications grand public liées au sport à ou la santé, telles des chaussures ou des balances connectées. Les grandes manœuvres ont également commencé. Samsung et Apple ont ainsi présenté très récemment leurs plateformes de gestion de données personnelles de santé, en attendant les montres-capteurs.
Parmi les domaines applicatifs considérés se trouvent la relaxation, l’enseignement, la productivité, la santé, etc. : un véritable marketing du vivre mieux, du changement de comportement, de l’épanouissement, de l’optimisation de sa vie est en train de se développer autour de ces technologies, parfois qualifiées de technologies de la persuasion (persuasive technologies).
Si beaucoup d’entre elles sont centrées sur l’individu, celui-ci peut également partager ses données (avec son coach, son médecin, ses amis), et la réflexivité peut également être pensée collectivement : indicateurs de consommation électrique d’un foyer ou d’un immeuble, taux de pollution ou de bruit d’un quartier, d’une ville. Nous nous trouvons désormais confrontés à des “quantified ourselves” à différentes échelles de territoires.
L’objectif de cette journée scientifique est de rassembler praticiens, chercheurs et industriels pour réfléchir aux nombreuses questions posées par cette thématique, en se concentrant particulièrement sur le bien-être et la santé personnels.
- Quels outils pour tracer son activité, pour quelle utilisation y compris sociale ? Quelle temporalité pour les boucles de réflexivité : instantanée, hebdomadaire, annuelle, sur une vie entière ? Quels types de visualisations pour relier les données à soi, à son corps, à son vécu ? Se dirige-t-on vers une redéfinition de l’identité vécue et du soi ?
- Quelle(s) agrégation(s) de données, pour quelles utilisations, par quelles organisations ? Quels sont les droits associés aux données collectées ? Va-t-on vers une redéfinition du rapport patient/médecin ? du fonctionnement des assurances ? de la santé publique ?
- Comment concevoir des technologies réflexives ? Comment les penser au niveau individuel et global dans une société numérique ? Quelles sont les injonctions sociales matérialisées dans ces technologies ? Peut-on aller jusqu’à les considérer comme de nouveaux corsets ? Quelle volonté d’objectivation de la vie, quelle part de raison technicienne ou au contraire de potentiel de liberté contiennent-elles ?
9h30 – Accueil et introduction à la journée
10h00 – Conférence Alain Giffard : "Techniques de soi, mesure de soi"
11h – Pause
11h30 – Table ronde : « Dimension individuelle des technologies réflexives : Quantified self, self-tracking, self-analytics pour le bien-être individuel »
12h30 – Pause repas
14h00 - Table ronde : « Dimension sociale des technologies réflexives : l’individu et son coach, l’individu et sa communauté virtuelle et/ou physique, l’individu et la société »
15h15 – Pause
15h30 - Table ronde : « Dimension design/recherche sur les technologies réflexives : comment concevoir / se conçoivent / émergent de tels systèmes »
16h45 – Conclusion de la journée, Alain Giffard
Tout au long de la journée, un dispositif expérimental de présentation de données issues de capteurs équipant les orateurs et la salle sera utilisé. Il fera suite à un atelier des étudiants de l’Ecole de Design organisé la semaine précédente, en relation le 18 juin avec un workshop Stereolux sur les usages des capteurs d’ambiance associés à un lieu.
PARTICIPANTS
Bea Arruabarrena (Université Paris 8)
Béa Arruabarrena est doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication, Laboratoire Paragraphe, Université Paris 8. Ses recherches portent sur les usages et les pratiques numériques de quantification de soi (Quantified self) et en particulier sur les nouvelles formes de régulation induites par la génération persistante de données. Co-organisatrice avec My Data Labs des Meetups QS Show & Tell Parisien depuis 2011. Actuellement, attachée de d'enseignement et de recherche au CNAM Paris - INTD - Culture, Information, Technique et Société de l'Ecole "Management & Société".
Pierre Brun (Harmonie mutuelle)
Pierre Brun est Directeur Stratégie de l’Offre et de l’Innovation à Harmonie Mutuelle. Après une longue expérience dans le domaine du marketing opérationnel et de la communication, Pierre Brun a été directeur Marketing de deux grandes mutuelles interprofessionnelles co-fondatrices d’Harmonie Mutuelle. Depuis 2013, il travaille sur la stratégie de l’Offre d’Harmonie Mutuelle au sens large : offres assurantielles, offres de services, nouveaux domaines d’activité. Ses équipes travaillent également sur le développement de l’innovation collaborative. Harmonie Mutuelle est la première mutuelle de France avec plus de 4,5 millions de personnes protégées.
Carine Coulm (Emiota)
Carine Coulm est bio-ingénieur et a travaillé 10 ans dans l'ECM. Elle est spécialisée en conduite du changement en entreprise et a mené différentes missions longues de déploiement d’applications chez de grands comptes. Elle fait partie des fondateurs de l’association MyDataLabs, un ChangeTank à but non lucratif ayant pour objectif de développer une communauté d'apprentissage, d'exploration, d'échanges et d'actions autour de l'écosystème des données personnelles. Elle est co-organisatrice du QS Paris. Elle a cofondé emiota en 2013, une startup qui conçoit et développe des accessoires connectés dans le domaine du bien-être. Elle est l'auteur d'une thèse professionnelle sur les théories de la motivation et leur application en behavior design.
Olivier Desbiey (CNIL)
Après 7 ans passés au sein de la direction de l’innovation d’un grand groupe en charge des nouveaux projets sur la thématique de la confiance numérique, Olivier Desbiey a rejoint le pôle Innovation et Prospective de la CNIL fin 2012. Il est en particulier en charge du chantier bien-être et santé numérique qui vise à produire la réflexion prospective de l’institution sur les nouvelles pratiques numérique de santé (i.e. Quantified Self). Ce pôle est chargé de la veille prospective et a pour mission de mieux identifier et comprendre les évolutions des technologies et des usages du numérique dans tous les domaines qui relèvent de la compétence de la CNIL, d’évaluer les enjeux de protection des données qui en découlent et ainsi de l’éclairer dans ses modes d’intervention et nouvelles modalités de régulation.
Alain Giffard (Ars Industrialis)
Responsable de l’informatique et de la numérisation de la «Très grande bibliothèque», Alain Giffard est à l’origine de Gallica. Conseiller technique auprès de la ministre de la Culture et de la Communication, puis président de la Mission interministérielle pour l’accès public à l’internet, il a initié les premières mesures de lutte contre l’inégalité numérique, notamment les « espaces culture multimédia » et les « espaces publics numériques ». Directeur du Groupement d’Intérêt Scientifique « Culture-Médias & Numérique », il mène une recherche sur la lecture numérique. Il est membre du Conseil scientifique de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine dont il a été directeur adjoint. Auteur de «Des lectures industrielles», in Bernard Stiegler, Alain Giffard, Christian Fauré, «Pour en finir avec la mécroissance», Flammarion, 2009. Dernière publication : "Le conflit des attentions et l'exercice de lecture numérique", in Digital studies, Fyp Editions, 2014.
Sébastien Marché (Orange Health Care)
Sébastien Marché est actuellement Directeur des Affaires Stratégiques au sein d’Orange Healthcare. La division Santé du Groupe Orange, Orange Healthcare créée en 2007, développe les activités de e-santé en France et à l’international en s’appuyant sur les expertises du Groupe dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Sébastien a rejoint le Groupe Orange en 2005 comme directeur du Business Développement pour Orange à Lyon, France. Avant son arrivée en 2011 à Orange Healthcare, il a tenu différents postes de directeur opérationnel et de management dans le Groupe.
Anne-Sylvie Pharabod (Orange Labs)
Anne-Sylvie Pharabod est chargée d’études au sein du département SENSE des Orange Labs. Formée en ethnologie des mondes contemporains, ses travaux portent sur les usages des nouvelles technologies dans la vie quotidienne. Elle s’intéresse notamment aux transformations de l’espace domestique et des territoires de la vie privée sous l’effet des nouvelles technologies de communication. Après s’être intéressée au partage des équipements numériques et des contenus numérisés (musique, photographies) dans les familles, elle interroge le partage de données personnelles hors du foyer à travers l’étude des métriques de soi (Quantified Self) et des usages numériques des solos.
PARTENAIRES
Université de NANTES / L’Ecole de Design Nantes Atlantique / Stereolux / SAMOA – Quartier de la Création / Cityzen Data, Cityzen Sciences
INFORMATIONS ET CONTACT
Yannick Prié, Université de Nantes, yannick.prie@univ-nantes.fr